Catalan
Le catalan (en català) est une langue romane, parlée par environ de personnes dans d'anciens territoires de la couronne d'Aragon : en Catalogne, dans la Communauté valencienne (où on le nomme traditionnellement valencien, valencià), aux Îles Baléares, dans une petite partie de l'Aragon (la Franja de Ponent), en Andorre, dans la majeure partie des Pyrénées-Orientales et à Alghero en Sardaigne. Il est issu du latin vulgaire introduit au par les colons romains au nord-est de la péninsule Ibérique et au sud de la Gaule narbonnaise, . Il partage des caractéristiques, notamment morphologiques et syntaxiques, avec les langues ibéro-romanes, tandis que ses traits phonétiques et une partie de son lexique le rapprochent du groupe gallo-roman. Il est notamment particulièrement proche de l’occitan, surtout sa forme languedocienne avec laquelle il partage une même origine et une tradition littéraire ancienne.
Depuis 1993, il est la seule langue officielle de la principauté d'Andorre. Depuis la transition démocratique espagnole et la mise en place de l'État des autonomies (autonomies régionales), le catalan est reconnu comme langue officielle au même titre que le castillan dans les principaux territoires d'Espagne où il est parlé bien que par volonté politique locale, l'enseignement y soit majoritairement unilingue catalan.
Le catalan est constitué de divers dialectes (on en a recensé jusqu'à 21), qui restent néanmoins très proches et largement intercompréhensibles. On distingue traditionnellement deux grands blocs dialectaux : le bloc oriental d'une part, qui comprend le catalan central, parlé à Barcelone et à Gérone, les catalans insulaires, parlé dans les îles Baléares (mallorquin, menorquin, eivissenc) et le roussillonnais, parlé dans les Pyrénées-Orientales ; et d'autre part le bloc occidental, regroupant le catalan nord-occidental, parlé dans les régions occidentales de Catalogne ainsi qu'en Andorre, et le valencien.
La langue catalane dispose de deux principaux standards : le standard général contrôlé par l'Institut d'Estudis Catalans, basé sur l'orthographe et les normes établies par le grammairien Pompeu Fabra (1868-1948), et celui régi par l'Académie valencienne de la langue, limité à la Communauté valencienne et qui prend pour base les Normes de Castellón, établies en 1932, reprenant les normes de Fabra mais adaptées aux principaux traits distinctifs des modalités valenciennes.
Le catalan appartient à la branche romane des langues indo-européennes. Son classement plus précis au sein des langues romanes est néanmoins variable selon les sources consultées et n'est pas exempt de débats voire de polémiques. Ainsi, il est extrêmement proche de l'occitan (du groupe gallo-roman, selon la classification traditionnelle) et partage également des traits importants avec le castillan (langue ibéro-romane).
Le catalan fait son apparition au sein de la famille polyphylétique gallo-romane (sens géographique) et le catalan littéraire du est profondément influencé par la langue des troubadours, sorte de koinè d'occitan alors connue sous la dénomination de « provençal » ou « limousin » . Toutefois, il reçoit à partir du une forte influence ibéro-romane accrue pour des raisons politiques (union de la Couronne de Castille et de la Couronne d'Aragon). Dans Gramàtica del català contemporani (2002), le catalan est classé dans les langues romanes occidentales, comme un intermédiaire entre les groupes gallo-roman et ibéro-roman. D'autres études récentes classent le catalan dans le diasystème occitan, c'est-à-dire comme une langue par élaboration incluse dans l'occitan, qui serait ainsi une langue par distance.
Certaines positions, en particulier au sein de l'école linguistique occitane, tendent à inclure le catalan comme dialecte de l'occitan, sur la base d'une similitude générale et d'une tradition littéraire communes. Certains pères de la romanistique, comme Wilhelm Meyer-Lübke ou Friedrich Christian Diez, incluaient ainsi le catalan comme élément de l'ensemble occitan, ; d'ailleurs, il est à noter que l'ancien catalan utilisait bien le terme oc (souvent écrit hoc) pour marquer l'affirmation, et non pas le si castillan qui n'a intégré la langue catalane que tardivement, remplaçant alors progressivement l'usage du oc , . Le catalan est donc bien initialement, stricto sensu, une langue occitane (une langue d'oc).
Du côté catalan, la séparation entre l'occitan et le catalan est admise dès le premier congrès international de la langue catalane en 1906 puis entérinée officiellement depuis la proclamation solennelle de 1934 dans le manifeste Desviacions en els conceptes de llengua i de pàtria. Le catalan, auparavant perçu comme l'un des rameaux de la langue d'oc par les poètes de la Renaixença qui adhérèrent pleinement au Félibrige, est dès lors majoritairement représenté comme une langue distincte.
Toutefois, il existe encore dans les pays catalans un mouvement extrêmement minoritaire militant pour l'inscription du catalan dans une grande langue occitano-romane et défendant une conception nationaliste panoccitane, . Par ailleurs, les théories "panoccitanistes" sont parfois mises à profit par les secteurs blavéristes (anticatalanistes valenciens), qui appuient leur argumentaire sur la prétendue contradiction des linguistes catalans, lesquels refusent au valencien ce qu'ils ont eux-mêmes appliqué précédemment au catalan par rapport à l'occitan et renvoient valencien et catalan à un sous-ensemble d'une langue plus large, prétendant les mettre ainsi sur un pied d'égalité . D'autres blavéristes ont également développé l'argumentation selon laquelle le catalan (au sens restreint de langue de Catalogne) serait un dialecte de l'occitan, mais non le valencien.